JOURNAL A TITRE PROVISOIRE?

C'est d'abord renouer avec une habitude trop tôt abandonnée : consigner l'expérience dans un document public. Jusqu'en 2003 chaque projet d'Echelle Inconnue trouvait sa première expression publique dans un journal, espace de consignation du travail en train de se faire et lieu de la paroles de ceux avec qui nous partagions cette expérience.

Dans le cadre du projet "Fiche 16", il est l'occasion de réaffirmer cette intention en rassemblant dans un même document des travaux permettant de diffuser largement des outils de réflexion issus des workshops réalisés en 2009:

- Création de la première carte de la vidéosurveillance dans l'hyper-centre de Rouen (format affiche murale)

- Textes et articles sur la vidéosurveillance ( "Un nouveau calque sur la ville: numérique", "Big brother ne viendra plus")

- Journal augmenté de QR codes (liens audio et vidéo à lire avec un téléphone portable)

Ce projet est actuellement consultable en ligne à l'adresse suivante :

INTRO

Il faut être architecte ou un quelconque acteur du commerce de parpaings pour croire que la ville est encore faite de murs et de rues.

Fiche 16 c'est d'abord le nom de la fiche action « Vidéosurveillance urbaine » issue du rapport d'activité 2006-2007 du Conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance à destination des élus du Conseil municipal de Rouen. C'est depuis 2009 un travail autour de la vidéosurveillance et plus largement de la ville numérique mené à Rouen. Ce projet s'inscrit dans notre cycle de travail et de recherche intitulé « politique/polis, ou, si la politique est la continuation de la guerre par d'autres moyens en est-il de même pour la ville ? ».

L'espace n'est plus ce qu'il était. Depuis les années cinquante on assiste à un décollement de l'espace de la ville et de l'espace du pouvoir. Le pouvoir politique, économique s'est peu à peu vectorisé dans la sphère de la communication. La ville n'est plus le lieu du pouvoir mais seulement l'espace sur lequel il s'exerce. La ville est tout autant dans l'espace physique que dans le discours qu'elle produit sur elle-même. Elle est autant dans ses murs que dans ses réseaux de vidéosurveillance ou de communication.

Bien que ce soit à notre avis au travers de ses dispositifs que s'observe le mieux la nouvelle réalité urbaine, ces interconnections de la ville et des médias demeurent impossible à penser et à mettre en doute dans l'exercice traditionnel de l'architecture ou de l'urbanisme.

C'est pourquoi en 2009 nous initions un travail de recherche et de réflexion publique autour de la vidéosurveillance à Rouen. D'abord, pour produire une représentation encore manquante de la ville : rouen vidéosurveillée, repérage visuel des 180 caméras tant publiques que privées installées sur la rive droite. Carte contributive, à augmenter, qui fut présentée publiquement dans l'espace d'Echelle Inconnue. Ensuite pour tenter d'envisager ce que ces installations en réseaux modifient de la ville.

Contrairement à d'autres initiatives nous avons choisi de ne pas restreindre ce repérage aux seules caméras municipales. Une intuition d'abord : se concentrer sur les seules caméras « publiques » porte en soi un présupposé, un discours à l'alarmisme réconfortant, « tous surveillés », « tous fliqués » pauvres citoyens face à la police républicaine. Et de là même un écueil à penser ce que cela change vraiment, questions qui furent au centre des workshops (ateliers de lecture, d'enquête et de réflexion) autour de la vidéosurveillance.

Ce travail n'est qu'une étape à poursuivre en tentant d'interroger les nouvelles réalités de la ville contemporaine.

Qui construit la ville aujourd'hui ? Architectes, politiques, urbanistes ? Ou Orange ? Thalès ?