Faillir avoir disparu propose de revisiter l’histoire de la Reconstruction du Havre en se détournant de l’architecte Auguste Perret, en sortant du centre-ville et en s’intéressant au devenir des faubourgs auto-construits pendant l’Entre-deux-guerres suite aux bombardements aériens de 1944.

Faillir avoir disparu se penche plus particulièrement sur l’improbable trajectoire d’un quartier qui par deux fois aurait dû disparaître suite à des décisions étatiques (en 1945 et en 1995) mais qui, à la faveur de l’engagement de ses habitant.e.s et de jeux d’acteurs et d’intérêts complexes, est parvenu à tenir sa position et à se maintenir sur la carte.

Faillir avoir disparu, en narrant l’histoire foncière d’un espace convoité et progressivement encerclé par le Port autonome du Havre, relie l’histoire de la guerre, de la ville et celle de l’industrie à travers la mise en œuvre controversée d’un dispositif de gestion territoriale, le « zonage » - et son actualisation contemporaine par l’introduction politique des zones Seveso.

Faillir avoir disparu, c’est enfin et surtout, depuis les années 1920 et jusqu'à aujourd'hui, l’histoire d’une confrontation entre une vision technopolitique de la ville et l’affirmation de « formes de vie » (Wittgenstein) agencées autour de maisons comprises comme des « espaces d’auto-appartenance et de jeu libre des forces » (Schwartz).