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EXPOSITION
Echelle Inconnue

TOUT DOIT DISPARAITRE


UNE EXPOSITION ELABOREE DANS LE CADRE DU PROJET « MOÏSE/MOUSSA. PATRIMOINE IMMEMORIAL », MENE AVEC LES HABITANTS DU FOYER MOISE A ROUEN
Echelle Inconnue :

TOUT DOIT DISPARAITRE

« Quand les hommes sont morts, ils entrent dans l'histoire. Quand les statues sont mortes, elles entrent dans l'art. Cette botanique de la mort, c'est ce que nous appelons la culture. »


En 1953, dans un contexte de colonisation, Chris Marker, Alain Resnais et Ghislain Cloquet, réalisent, pour la revue Présence Africaine, le film Les statues meurent aussi. Partant de la question « Pourquoi l'art nègre se trouve-t-il au musée de l'Homme alors que l'art grec ou égyptien se trouve au Louvre ? », les réalisateurs dénoncent et relèvent le racisme manifeste derrière ces choix.

C'en est trop ! Le film est censuré, et reste interdit pendant onze ans.
Et il faudra attendre 1996 pour que 120 chefs-d'oeuvre « d'art premier » fassent leur entrée au Pavillon des Sessions du Louvre - où ces objets, classés, étiquetés, conservés dans la glace des vitrines et des collections, meurent à leur tour.

Depuis plusieurs années déjà, dans les foyers de travailleurs migrants - FTM, les gestionnaires entravent la liberté de produire des résidents. Ainsi, à Rouen, au sein du « foyer Moïse » pour lequel l'architecte Robert Génermont avait dessiné des ateliers, les forgerons n'osent plus sortir leur forge, les couturiers leurs machines, et les cordonniers leurs aiguilles.
Dans une circulaire de 2014 intitulée « Plan de traitement des foyers de travailleurs migrants », le législateur barre d'un trait toute possibilité d'exercer une autre activité que celle de résider immobile et muet : « Les activités informelles installées dans les parties collectives (voire dans les chambres) de certains FTM doivent être supprimées (les petits commerces, vente à la sauvette, restauration collective à vocation commerciale, ateliers de couture et autres...). Leur suppression doit être annoncée dès le début du processus de traitement aux résidents et à leurs représentants. Il convient que les préfectures concernées restent vigilantes sur ces activités illégales. »
Il en sera de même des cuisines collectives, des lieux de cultes.
Tout doit disparaître !

« L'art ici commence à la cuillère, et finit à la statue. Et c'est le même art. »
Depuis un an, dans ce foyer qu'État et Métropole veulent détruire, nous errons, interrogeons, filmons et collectons ce qui fait culture et que la « démolition/reconstruction » de ce lieu menace.
Cette exposition est une ébauche de ce musée du « toujours vivant » auquel les voix des résidents de Moïse donneront bientôt sens.

Ce qu'en notre nom, les autorités promettent à la démolition, c'est une autre manière d'habiter, partager et produire, dont on pourrait sans aucun doute tirer quelques enseignements.


Une exposition de Stany CAMBOT
Installation et images : Roman LATHIÈRE et Paul NAVET


EXPOSITION À DÉCOUVRIR À ECHELLE INCONNUE JUSQU'AU 20 DÉCEMBRE 2024
Entrée libre du lundi au vendredi de 14H à 17H30
Ou sur rendez-vous à tout autre moment
Echelle Inconnue, 11-13 rue Saint-Etienne des Tonneliers 76000 Rouen


galerie

Quelques photographies de l'exposition


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11/13 rue Saint Etienne des Tonneliers
76000 ROUEN
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