le territoire de l'homme primitif.

 
 

 

“ Les nécessités du développement des pays sous-industrialisés passent par l'établissement d'un système de communication (routes, rails, canaux, lignes aériennes) et de télécommunication (postes, téléphones, radios) rapides et de grandes capacités...

Mes qualifications (techno-scientifiques) m'ont amené à étudier sur le terrain les possibilités d'implantations de lignes téléphoniques au Zaïre et au Brésil. (…)

L'implantation de lignes téléphoniques nécessite une étude préalable du relief et de la nature des terrains rencontrés, ceci pour définir la trajectoire la plus économique pour relier le point A au point B. C'est rarement la ligne droite : il peut être plus avantageux de faire un détour de plusieurs dizaines de kilomètres dans des terrains marécageux que de percer une montagne de basalte. Dans nos pays c'est facile : il suffit d'acheter des cartes d'état major et des cartes géologiques à petite échelle pour la zone intéressée. Pour les pays en voie de développement c'est plus difficile : on ne dispose que de cartes à grande échelle qui sont à peu près muettes quant au relief et à la géologie des zones forestières importantes comme l'Amazonie et le nord-est du Zaïre. Ces cartes ont été réalisées par photogramétrie aérienne et ne décrivent pour les zones forestières que le relief du sommet de la forêt, c'est à dire le haut des arbres mais pas ce qui se trouve sous les arbres, c'est à dire le sol proprement dit. Quant à la nature géologique du sol et, à fortiori, du sous-sol, néant. Alors il faut aller voir sur place, et à pied, la plupart du temps (…).

Dans ce genre de travail, la collaboration des autochtones est précieuse (…). Le problème réside dans la différence de conception entre le "où " du géomètre-géologue et le "où " du plouc local. Pour l'indigène, l'espace est défini par des nécessités vitales : habitat, nourriture, santé. Le territoire de survie est la superposition d'autant de territoires de peuplement qu'il y a d'espèces, sous-espèces et variétés d'êtres vivants (homme compris) participant à l'économie biologique de la zone d'habitat. Zone élastique et variant selon les fluctuations de l'écosystème : la tribu primitive, que ce soit en Afrique, en Amérique du Sud ou dans la vallée de la Seine à Rouen il y a 5500 ans, maintient toujours l'équilibre avec son territoire, enrichie l'écosystème ou même l'étend et le protège contre les variations géoclimatiques (…).

Les distances géométriques exactes importent peu : seul le temps de parcours compte, ainsi que la fatigue occasionnée.

De telles conceptions de l'espace semblent en contradiction avec celles du géomètre, auxquelles on demande des repères précis sur des morceaux de papier : latitude, longitude des points A et B sur une carte à grande échelle, tracé détaillé sur une carte à petite échelle, avec coordonnées en Km et sous multiples, courbes de niveau (altitude en mètres), limites des affleurements géologiques, profondeurs des cours d'eau, etc. Toutefois, ces deux conceptions se rejoignent par leur but : la connaissance d'un territoire. De même, le géologue se sert de la répartition des espèces végétales pour connaître la nature du sous-sol, sans avoir à effectuer des sondages fastidieux et fatigants. Ici, la connaissance très précieuse, exhaustive, que les indigènes ont de leur bio-territoire est précieuse pour le géologue. De même que les indigènes utilisent des reliefs caractéristiques, des arbres et des formations végétales très individualisées pour s'orienter, de même le géomètre les utilisera comme base d'orientation pour la construction de sa carte. De cette façon, et grâce à l'aide empressée des populations hospitalières mais fortement arriérées technocratiquement, les profiteurs locaux et étrangers peuvent envoyer leur matériel de déforestation, de défoliation, d'excavation et de terrassement, transformant en terrains vagues, stériles et ultra modernes des écosystèmes archaïques .

 

L'origine de la cité : l'organisation sociale primitive.

Avant toute chose, il est bon de préciser un point important : dans le langage courant, l'adjectif " primitif " a un sens péjoratif signifiant inférieur , anarchique, violent, sale, stupide, ignorant, malhabile, etc., C'est le résultat d'une propagande politico-financière visant à faire croire que notre organisation socio-économique industrielle occidentale est ce qui peut se faire de mieux pour le bien-être des humains. Cette opinion est répandue par des enseignants, technocrates et vulgarisateurs " scientifiques " qui n'ont jamais vraiment sérieusement étudiés la question et qui se contentent de diffuser cette désinformation sans la critiquer, eux-mêmes étant irréductiblement persuadés du bien fondé de ce préjugé. Ce sont des crétins diplômés. Pour les spécialistes ou amateurs, diplômés ou non, qui s'intéressent aux sociétés primitives passées et présentes, et qui ne sont pas des crétins, " primitif " signifie simplement " qui précède, ". ainsi on donne le qualificatif " primitif " aux sociétés qui ont précédé la nôtre. Par extension, on appelle primitives des sociétés modernes présentant une organisation, des techniques, des rapports avec la nature semblables à ceux des formes sociales qui ont précédé l'organisation " occidentale " moderne. Le terme " primitif " n'est donc qu'une référence temporelle relative qui n'implique aucune notion de valeur, aucun jugement moral : ce n'est qu'une référence chronologique associée à un type de société et à un type de technologie. On verra par la suite que certaines sociétés primitives furent - ou sont - , bien supérieures au modèle occidental, sauf en ce qui concerne les moyens d'exterminer l'espèce humaine et tout ce qu'il y a autour. Ici, on appellera primitives des sociétés correspondant au paléolithique finissant et au néolithique commençant, avant la domination des Celtes.

 

Le territoire.

Le territoire est indispensable pour tous les être vivants : c'est la zone de la planète qui, avec une marge de sécurité plus ou moins importante selon les conditions locales, assure le bien-être alimentaire d'un groupe plus ou moins important d'individus d'une même espèce. Le territoire possède des frontières. Ces frontières sont indispensables pour équilibrer les droits de chaque groupe, de façon à ce que chaque groupe puisse se nourrir convenablement et avoir assez de place pour pratiquer le jogging sans empiéter sur le droit des autres groupes à bénéficier des mêmes avantages. Ce sont les principes de liberté et d'égalité, tels qu'ils sont mis en pratique par toutes les espèces vivantes, complète égalité dans les possibilités de nourriture, de défoulement et de besoins d'isolement que ressentent parfois les membres d'un groupe. Liberté dans le sens où la liberté du groupe s'arrête là où commence celle du groupe voisin. La liberté et l'égalité matérielle sont indissociables : un groupe dont le territoire offre moins de possibilités nutritives que les autre est lésé dans le principe d'égalité et les frontières des territoires qui cernent le sien empiète sur sa liberté d'étendre un territoire suffisant pour assurer sa survie. Il y a une injustice. Or les animaux sont instinctivement très sensibles à la justice. Ainsi les groupes s'arrangent-ils pour délimiter leurs territoires de façon à ce qu'aucun groupe ne soit lésé. Les frontières permettent de déterminer précisément les droits de chaque groupe et d'éviter les conflits entre groupes. Même lorsqu'il y a une hiérarchie à l'intérieur d'un groupe (ce qui est, en fait, toujours le cas, mais n'implique nullement l'injustice), il n'y a jamais de hiérarchie entre les groupes : la plus stricte équité préside à la répartition des territoires. Donc, pour les animaux, il n'y a pas de justice sans égalité matérielle (nourriture) et psychologique (défoulement, isolement). Les singes primates sont les animaux les plus coulants quant à l'inviolabilité des frontières : alors que chez les autres espèces de mammifères (en particulier) chaque groupe est définitivement confiné sur le territoire concédé, sans possibilité de franchir les frontières sans déclencher un conflit(sans gravité), les groupes de primates peuvent pénétrer dans le territoire des autres groupes, à condition de ne pas abuser et de respecter certaines règles de politesse, en échange de quoi ils bénéficient de l'hospitalité du groupe propriétaire, à condition de ne pas abuser ; il ne faut pas qu'une visite temporaire devienne une installation définitive, ou alors il y a conflit (sans gravité).

L'homme étant un singe primate, son comportement primitif obéit à celui des singes primates. Les frontières de son territoire sont perméables, élastiques et plutôt floues (les limites sont des zones neutres et non des lignes euclidiennes, des " all men's lands " et non des " no men's lands ".

La distribution des territoires des groupes correspond, pour une zone homogène de grande surface à une disposition en nid d'abeille. Cette disposition correspond au maximum de déplacements indispensables à la nutrition pour chaque groupe et donc au minimum de fatigue et de temps passé pour chercher la nourriture, donc au maximum de temps et d'énergie réservés aux loisirs.

Comme il est rare de trouver des zones homogènes sur de grandes surfaces comme la Prairie américaine ou la Steppe asiatique, les divisions territoriales tendent seulement vers la division en nid d'abeille dans la mesure où les particularismes géoclimatiques et écologiques du lieu où se trouve le territoire le permettent. Mais le principe minimum de travail / maximum de loisirs régit toujours cette répartition. Et toujours dans un souci de justice, d'égalité et de liberté : les primates y ajoutent la fraternité, qui se traduit par une certaine liberté de transgression des lois territoriales et l'hospitalité offerte aux individus ou groupes " étrangers " qui, par curiosité ou nécessité empiètent sur le territoire mais respecte certaines règles de politesse. Cela tient aux possibilités de mémorisation supérieur des primates, qui sont capables d'étendre dans une certaine mesure l'affection qui unit les membres d'un groupe à ceux d'autres groupes.

L'homme, dont les facultés de mémorisation sont les plus développées est capable d'étendre son affection à tout l'univers - si on ne lui bourre pas le crâne de préjugés.

 

La vie sur le territoire.

La hiérarchie :

Comme toutes les sociétés animales, les sociétés humaines sont hiérarchisées. Mais il convient de distinguer deux types de hiérarchie :

1- La hiérarchie conventionnelle : ce type de hiérarchie est destiné à éviter les conflits entre individus occupant le même rang dans la hiérarchie fonctionnelle(que l'on verra ensuite). Par exemple, lorsque deux individus de même rang veulent emprunter en même temps la même porte, ils ne se battent pas à mort en sorte que le survivant puisse passer, mais ils se font des politesses le plus intelligent et/ou le plus sociable donnant généralement d'emblée la priorité à l'autre. Il en est de même pour la nourriture : lorsque plusieurs individus doivent se servir dans le même plat (ou la même marmite) et que la place pour se servir, ou le nombre d'ustensiles de service, sont insuffisants, il s'établit un ordre de préséance conventionnelle qui se conservera généralement ensuite dans des circonstances similaires. Cette hiérarchie n'a rien à voir avec l'utilité sociale ni avec l'agressivité.

2- La hiérarchie fonctionnelle : ce type de hiérarchie est destiné à assurer le fonctionnement optimum des sociétés animales (maxi-mum de sécurité, minimum de travail, maximum de loisir). Dans la société humaine primitive, dont les domaines d'activité sont multiples, chacun occupe dans la hiérarchie une position d'autant plus haute (en ce qui concerne l'autorité) qu'il présente une combinaison plus avantageuse (pour le groupe) de savoir théorique et pratique dans le cadre de l'activité que pratique tout ou partie du groupe. Cette position hiérarchique ne donne droit à aucun privilège matériel. Dans la société primitive, le fait d'être plus compétent n'entraîne pas le droit à plus de nourriture, ou à une meilleure nourriture, ni à une plus belle case, ni à de plus beaux vêtements, etc... Dans la société primitive, la plus grande compétence entraîne de plus grands devoirs envers le groupe, sans aucun privilège matériel en retour.

Cette hiérarchie n'est pas rigide : le meilleur chasseur peut être le plus mauvais charpentier et le meilleur charpentier peut être le pire chasseur. Lorsqu'il s'agira d'aller à la chasse, le meilleur chasseur prendra le commandement et choisira ses subordonnés en fonction de leurs compétences et alors notre plus mauvais chasseur aura toutes les chances de devoir rester au village et de plus n'aura pas intérêt à critiquer les méthodes de chasse du meilleur chasseur. Par contre, lorsqu'il s'agira de construire une habitation ou un grenier, c'est le meilleur charpentier qui commandera à une équipe sélectionnée par lui et alors notre meilleur chasseur mais pire charpentier n'aura pas voix au chapitre et sera, au mieux, employé à la manutention des pièces de bois et autres matériaux entrant dans la construction. Le souci majeur de l'homme primitif est la justice. Donc que chacun mange selon ses besoins, et même un peu plus (les peuples primitifs qui ne sont pas victimes de l'avidité des peuples pirates - comme les " occidentaux "-, sont plutôt grassouillets sans être obèses, toutefois). Que tout le monde effectue le même temps de travail : tout le monde commence en même temps et finit en même temps, garantit de l'égalité, chacun étant employé suivant ses capacités physiques et intellectuelles ; ceux qui ont terminé leur tâche les premiers aident ceux qui sont à la traîne. Ceci de façon à ce que tout le monde bénéficie du même temps de loisirs que chacun l'emploi comme il l'entend.

Les groupes sociaux primitifs sont des groupes communistes libertaires dont la hiérarchie, indispensable à l'efficacité maxima du groupe, ne constitue ni un noyau de coercition, ni un groupe privilégié.

 

La cellule communautaire.

Contrairement à ce qui nous est familier, l'unité de base du monde primitif n'est pas la famille(qui n’existe pas chez les primates), mais la tribu. Depuis au moins 40 000 ans, les sociétés humaines égalitaires (ce que furent et sont toujours les sociétés primitives), comptent toujours un nombre d'individus situé à 300, avec de faibles fluctuations dues aux décès, naissances, épidémies, etc... Ce nombre de 300 personnes est instinctif : il est respecté même chez les ethnies où on ne compte que jusqu'à quatre. Tout simplement, les individus se sentent au mieux dans le groupe lorsque celui-ci compte environ 300 personnes. Et, comme l'ont expérimenté les nonnes et les moines Bénédictins entre le Xème et XVème siècle en Europe, ce nombre est indépendant de la répartition des sexes dans la tribu.

Digression sur les moines et les nonnes Bénédictins : à partir du Xème et surtout du XIIème siècle, les monastères et couvents Bénédictins ont pris de l'ampleur. Contrairement aux ordres mendiants (qui couvraient le plus souvent les activités de troupes de truands et/ou truandes au service d'un abbé ou d'une abbesse issus de l'aristocratie cadette) et guerriers (qui permettaient aux cadets de l'aristocratie de piller, saccager, violer, torturer et massacrer sous couvert de religion, sans encourir les rigueurs de la loi), les monastères et couvents Bénédictins subvenaient eux-mêmes à leurs besoins. A part le prieur et l'abbé, qui étaient issus de l'aristocratie cadette et bénéficiaient de privilèges, le travail et les fruits du travail étaient répartis de façon égalitaire, et la hiérarchie, basée sur les compétences techniques, ne donnait lieu à aucun privilège, comme dans une tribu primitive. L'accroissement en taille des membres Bénédictins a amené à la constatation que les communautés de 300 individus étaient les plus efficaces et celles où il y avait le moins de problèmes de discipline, le plus d'harmonie sociale. Notons qu'à part les enfants de moins de 3 à 4 ans, la répartition des âges dans un couvent était la même que dans une tribu primitive. Les Bénédictins avaient ainsi redécouvert empiriquement le nombre d'équilibre psychosocial qui conditionne depuis des dizaines de millénaires le fonctionnement des tribus primitives. Et le fait que les communautés monastiques sont exclusivement masculines ou féminines n'a aucune incidence sur ce nombre optimum de 300 individus. Fin de la digression.

Le nombre de 300 est habituellement maintenu grâce à des méthodes anticonceptionnelles et à l'avortement. Ceci pour régulariser, non seulement la population de la tribu, mais aussi celle de l'humanité, de façon à respecter l'équilibre écologique et ne pas léser les autres êtres vivants, ni conduire à l'épuisement des sols et à la désertification.

Les classes d'âges : La tribu est grosso modo divisée en trois classes d'âges :

a) de 0 à 25 ans : les étudiants.

b) de 25 à 50 ans : les adultes.

c) 50 ans et plus : les vieillards.

Les étudiants se divisent en trois classes d'âges :

- de 0 à 3 ou 4 ans : les enfants sont très dépendants des adultes ; c'est la période d'apprentissage par imprégnation du langage et du comportement social.

- de 3 ou 4 ans jusqu'à environ 15 ans : sans être tenus à des horaires où à des tâches précises, ils jouent aux adultes, tout en restant indépendants du monde adulte, s'ils le désirent.

- d'environ 15 ans à 25-30 ans : c'est l'apprentissage formel.

Chaque adolescent participe régulièrement aux travaux collectifs en fonction des aptitudes qu'il a montrées durant la période précédente et est associé à un ou plusieurs adultes et vieillards ( pour la formation théorique, principalement) qui lui servira de professeurs. A la fin de cette dizaine d'années d'études, l'individu est considéré comme un adulte à part entière et occupera dans la société des adultes les fonctions et les situations hiérarchiques que lui valent ses compétences.

Les adultes : fournissent l'essentiel du travail physique et intellectuel, assurent les soins aux enfants en bas âge, la formation pratique et une partie de la formation théorique des 15-25 ans.

Les vieillards : fournissent moins de travail physique et pratiquent surtout l'enseignement oral. Ils servent de mémoire à la collectivité grâce au savoir qu'ils ont accumulé par la tradition et par leur expérience personnelle. Même lorsque leur décrépitude les rend complètement inutiles à la société, les vieillards ne sont pas abandonnés dans un coin et finissent leurs jours entourés de l'affection et de la vénération générales.

 

La reproduction.

La reproduction est libre : les jeunes commencent par jouer à touche-pipi et finissent par s’accoupler ( brièvement) lorsqu'ils en sont capables. Ces très jeunes couples sont éphémères et les changements de partenaires nombreux. Les enfants qui naissent de ces ébats ne savent jamais qui est leur père et très rarement qui est leur mère. Ils sont allaités par leur mère ou n'importe quelle jeune femme ayant la mamelle pleine , mais pour le reste , ce sont les adultes ( les femmes principalement ) qui prennent soin d'eux, assistés par des étudiants post-adolescents et observés par les étudiants infantiles et adolescents ( les 3 à 15 ans ) . Dans le système social primitif, il n'y a pas d'enfants uniques, pas d'enfants gâtés, pas de familles nombreuses, pas d'enfants maltraités, pas d'enfants riches, pas d'enfants pauvres, pas d'orphelins. Les enfants sont considérés comme une propriété collective et sont pris en charge par les individus les plus compétents dans ce domaine. Quant aux jeunes mères, après avoir enfanté 2 ou 3 fois, elles sont encouragées à avoir des relations sexuelles anticonceptionnelles. En cas de " dérapage ", on pratique l'avortement.

Les peuples primitifs, grands observateurs de la nature, sont très au fait des problèmes liés à l'endogamie, aussi recourent-ils très fréquemment à des échanges de jeunes reproducteurs de tribu à tribu ( même et surtout entre tribus d'ethnies différentes, si c'est possible ). L'étranger de passage est invité à féconder de jeunes volontaires ( ce qui ne manque pas ! ). Le contraire du racisme, en somme.

Après les premiers ébats, les couples continuent de se faire et de se défaire jusqu'à ce qu'ils finissent par se stabiliser, vers les 25-30 ans. Ils sont formés sur une combinaison optimale de préférence sexuelle et affective et durent jusqu'à la mort. Mais ce ne sont pas ce que nous appelons des familles. Il arrive que l'un ou l'autre conjoint commette un écart. Mais ce genre d'infidélité est considéré comme sans importance. La jalousie et la réprobation de l'adultère sont le résultat d'une organisation sociale contre nature ( comme la famille, du reste ), non une tendance naturelle du singe primate qu'est l'être humain. A noter que l'adultère et l'homosexualité (et autres " déviances " ) sont beaucoup plus rares dans les sociétés primitives que dans la nôtre. C'est le résultat d'une éducation non frustrante. La division de notre société en familles assure aux enfants une très forte inégalité de traitements, ce qui, joint à une éducation pudibonde, produit des masses de psychopathes graves au lieu d'individus sains, à défaut d'être responsables ( il ne faut pas demander l'impossible ).

 

Le ( la ) sorcier (ère).

Ou plus exactement médecin , occupe une place à part dans les sociétés primitives. Cet homme ou cette femme doit être disponible 24h sur 24, ce qui lui interdit la vie en couple, à moins de tomber sur un(e) conjoint(e) particulièrement tolérant(e) et altruiste. Quand il ne dispense pas ses services, il assure la formation de 3 étudiants/assistants (d'âges échelonnés pour assurer la continuité), ou expérimente de nouvelles pratiques chirurgicales ou concocte de nouvelles formules pharmaceutiques (exclusivement bien entendu à partir de produits naturels). Cette médecine est scientifique et efficace pour la plupart des maux les plus fréquents. Lorsque la médecine scientifique ne donne pas de bons résultats, on utilise la magie (" blanche " exclusi-vement), qui donne de bons résultats avec les malades imaginaires qui ont la foi. Quant aux autres, si ça ne leur fait pas de bien, ça ne peut pas leur faire plus de mal. Au total, les peuples primitifs sont en meilleure santé que nous et vivent plus longtemps. En outre ils ne connaissent pas les maladies dues à la civilisation industrielle ( dont une bonne part due à l'industrie pharmaceutique !).

 

Le chef.

En fait il y a deux chefs : un homme qui est chef des hommes et une femme qui est chef des femmes et s'occupe principalement des questions exclusive-ment féminines. Le chef des hommes et le chef des femmes ne vivent pas forcément ensemble ( c'est même très rare ). L'autorité dont ils sont investis leur est conférée démocratiquement. Les sages de la tribu choisissent parmi les jeunes de 3 à 15 ans la fille et le garçon qui fait preuve du plus de sociabilité, à partir de 15 ans, ceux-ci sont chefs stagiaires et apprennent leur métier auprès des chefs en titre et des sages de la tribu.

Le rôle des chefs est diplomatique : ils sont chargés de régler les différents entre membres de la tribu (avec l'assistance des sages qui sont de véritables recueils de jurisprudence ) et de défendre les intérêts de leur tribu lors des réunions inter-tribales (avec l'assistance des spécialistes des problèmes qu'on aura à traiter ). Les chefs ne peuvent prendre aucune décision sans l'aval des sages et des spécialistes de la question. Les chefs participent à tous les travaux de survie, selon leur compétence, sans que leur fonction de chef leur donne droit à aucune autorité ou aucun privilège dans les matières qui sont hors de leur juridiction. Notons qu'un individu qui se présenterait explici-tement comme candidat au titre de chef serait immédiatement refoulé et dépossédé de quelque autorité que ce soit dans quelque domaine que ce soit, quel que soit son niveau de compétence. On n'aime pas les ambitieux dans les sociétés primitives. Nos politiciens n'auraient aucune chance d'exercer une responsabilité, si faible fut-elle, dans de telles conditions ( ce qui, à mon avis, représen-terait un progrès certain ). Le travail du chef est effectué en plus du travail de survie courant et ne donne droit à aucun privilège ( habitation, vêtements ou autres ) lié à sa fonction.

C'est de l'authentique démocratie et non de la démagogie comme dans nos pseudo-démocraties où l'on donne valeur égale à l'avis des individus compétents, mais aussi à celui des imbéciles et des salauds, expérimentés ou inexpérimentés (aussi, la politique est-elle le fait d'ambitieux sans scrupule experts dans la manipulation des imbéciles, qui sont majoritaires dans toutes les populations humaines ).