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Le portulan comme cartographie approximative et illustrée, établie par les marins en fonction du cap suivi et du temps de navigation
Planisphère Cantino, 1502 (cartographe anonyme)
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Daniel,
en présentant et en commentant ses séries de photos, les avait groupées
en une série de parcours, de journées, d'emplois du temps possibles. Il
nous avait en outre parlé du rapport au temps, "temps à remplir"
d'une part et " temps qu'il fait " d'autre part. Ce rapport déterminait,
selon les jours, les lieux fréquentés, les parcours suivis. La métaphore
du marin nous semblait s'imposer. Daniel était-il comme ces marins d'autrefois
scrutant le ciel et leur montre pour déterminer le parcours à suivre ? Aux
alentours du XIIIe siècle, cette pratique de l'espace (maritime) a donné
lieu à un type de représentation de l'espace, un type de carte : le portulan. |
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QU'EST-CE QU'UN PORTULAN ?
Les portulans
sont des cartes marines établies par les navigateurs du XIIIe au XVIe
siècle. Ces transpositions du monde sur surface plane représentent
les routes déjà empruntées pour relier les ports entre eux en se basant
sur l'expérience pratique des navigateurs et non sur une méthode scientifique
précise. Elles sont établies en fonction de la direction prise par
le navire et du temps mis pour effectuer le trajet. La position géographique
de chaque lieu est déterminée en fonction de celles des autres lieux
déjà établis. La distance d'un point à un autre est toujours déterminée
en fonction du cap suivi et du temps mis pour rallier les deux points.
Cette méthode laisse une grande marge d'erreur possible car elle ne
tient pas compte des courants et des vents qui font dériver le navire,
ni des erreurs dans le maintient du cap. A cela, il faut ajouter l'imprécision
des instruments de mesure de l'époque qui rendent approximatifs à
la fois le maintient du cap et la mesure du temps. Les portulans peuvent
donc être totalement faux d'un point de vue géométrique mais tout
à fait justifiables et exploitables puisqu'ils sont liés à une pratique
réelle de l'espace. La part laissée à l'imprécision et au hasard permit
aux navigateurs de découvrir de nouveaux continents, de nouveaux territoires.
Les portulans ne sont pas uniquement des représentations spatiales,
ils comportent aussi les descriptions des ports et les accidents des
côtes, sous forme de légendes ou de figures, allant même jusqu'à en
être surchargés. D'ailleurs, le terme de portulan peut aussi désigner
un recueil de descriptions des ports et des côtes, avec les indications
nécessaires au pilotage. |
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Le portulan comme recueil
de descriptions des ports et des côtes, contenant aussi les indications
nécessaires au pilotage des navires. Profil de côtes: ville et baie
de Nombra de Deos (Manuscrit
anglais). |
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Le travail
photographique de Daniel se rapproche de cette définition du portulan puisqu'il
se présente lui aussi comme un recueil de lieux annotés, vus du point de
vue d'un spectateur arrivant ou accostant dans ce lieu. Comme les dessins
de ports, ses photos présentent des lieux vides, embrassés d'un seul regard.
Ces lieux que nous appellerons ports, fréquentables en fonction de la météo,
sont séparés les uns des autres par de l'espace ou plus exactement du temps. |
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