d'où
partons
nous
?

D'ou partons-nous : plan

le constat

L'utopie est un voyage. Elle suppose donc un lieu de départ, que la finalité de ce voyage contestera avant de le réinvestir et d'opérer, par le récit, une transformation sur lui.
Trois mois d'atelier. Le voyage a commencé. Passé les premières réunions pour expliquer ce que nous avons fait et ce que nous voulons faire, arrive le travail : tenter d'interroger l'utopie et la faire sortir de l'exercice solitaire dans trois lieux avec ceux qui y vivent (un restaurant social, la Chaloupe ; un foyer d'hébergement pour sans-abri, l'URAS et un relais accueil pour les gens du voyage). Trois lieux qui constituent pour nous un hommage :
- à la tête coupée de Thomas More,
- au voyage vers Icarie des soixante-neuf de Cabet,
- aux villes mobiles de Cyrano de Bergerac. Trois mois pour une tentative : écrire le premier chapitre de notre voyage vers la cité de Nulle Part, entrer en écho avec le premier chapitre d'Utopia de Thomas More. Pour dresser ce constat, à tous nous avons posé la même question : " d'où partons-nous ? " Les appareils photos ont été distribués avec une demande : " amenez les images de votre univers ".

installation de Pascal

Les premières photos ont été développées, commentées et le réel a commencé à se conjuguer avec les êtres, les monstres, les amis, les bancs, les caravanes... Des affiches sont nées, parfois rapidement, parfois dans un lent travail d'allers et retours. Des affiches acceptées après discussion, ou complètement élaborées sous les directives de ceux qui voulaient décrire leur univers. C'est cette tentative de constat que nous voulons donner à voir aujourd'hui.

Nous en sommes maintenant persuadés, le territoire des urbanistes n'existe pas. Le territoire ou la terre sur laquelle nous vivons, se constitue davantage dans un rapport d'échange, de lutte et de friction entre un espace parcouru et pratiqué et une manière de l'habiter avec nos histoires. Le territoire s'invente à mesure que nous le traversons, l'habitons. S'il existe, il ne peut être constitué que d'une interaction et une lutte incessante entre l'espace physique et ses possibilités de relecture au travers des histoires et sentiments que chacun y loge. Considérer la terre sur laquelle nous vivons, c'est au-delà d'un territoire mnémonique, en considérer la polyphonie, se mettre à l'écoute et déclencher un dialogue possible entre des cartes habitées.

installation place de la Calende

Trois mois et le voyage a commencé.
La terre de laquelle nous partions, ne pouvait être constituée que de l'addition et la superposition des terres de chacun.
D'où partons-nous ? Ont répondu : Muriel, Liliane, Violette, Cindy, Adolphe... Ils sont animatrice, voyageuses, Manouche.
D'où partons-nous ? Ont répondu : Yannick, William, Raymond, Claude, Véronique, Dine... Ils sont sans-domicile, chômeurs, animateur.
D'où partons-nous ? Ont répondu : Daniel, Jacky, Guy, Pascal... Ils sont en appartement ou résidants du foyer de l'URAS.